Ce matin du deuxième jour, Christophe est résolu à nous emmener sur la portion de rivière où il avait touché un monstre l’année passée.

Le spot est magnifique, un immense lisse courant sur un fond de graviers et d’herbiers. En revanche, le ciel refuse d’accueillir quelques nuages, et il faut composer avec un soleil éclatant.

Les minutes passent, le soleil monte et ses rayons tombent droit sur l’eau claire. Nous le savons tous sans encore trop oser nous le dire, ça sent la journée merdique. Nous décidons après deux heures à attendre les gobages d’aller chercher le poisson plutôt que de l’attendre.

J’avise un endroit qui ne me parait pas trop profond et tente une traversée de la rivière qui me vaudra quelques entrées d’eau glacée dans les waders. A genoux sur la berge enfin atteinte, j’aperçois quelques beaux poissons en maraude.

Alex berge d'en face
Berge d’en face!

Je fais décamper un poisson en patrouille qui semblait à la recherche de nourriture, situation idéale pour la nymphe à vue, mais ce dernier a immédiatement paru affolé par ma mouche, alors même que je l’ai déposé deux mètres en amont. J’avise ensuite deux truites qui ondulent doucement sur le fond.

Je tente le coup de la compétition alimentaire en balançant ma nymphe de manière à ce que sa trajectoire passe entre les elles deux… Rien… Enfin si, les deux poissons s’écartent poliment puis se repositionnent ! D’autres mouches laissent les truites de marbre. Le séjour semble résolument placé sous le signe de la difficulté technique.

Je n’ai pas vu un seul gammare lorsque j’ai soulevé des pierres un peu plus tôt dans la matinée. Un peu en désespoir de cause je décide pourtant d’en nouer une au bout de ma ligne. Cette imitation est un classique des classiques des rivières jurassiennes, particulièrement lorsque la reproduction de ce charmant petit crustacé les fait se rassembler en d’immenses nuages qui mettent les truites et les pêcheurs dans un état de complète frénésie.

A la première dérive un des deux poissons se décale pour prendre la nymphe et m’oppose aussitôt piqué une résistance acharnée, tenant obstinément le fond. Une fois dans l’épuisette, je mesure ma chance, la truite, une belle femelle, était piquée tout au bord de la lèvre comme en témoigne la photo !

Chose improbable, sa comparse n’a pas bougé d’un pouce ! Nouvelle dérive, sanctionnée là encore par un léger décalage du poisson. Mais celui-ci, aussitôt piqué, décolle du fond de la rivière et se lance dans une impressionnante chandelle. Stratégie gagnante, car en retombant le poisson se libère, et me laisse planté comme une bûche sur la rive.

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